A l’heure où la WII U, la PS4 et la XBOX One prennent place dans nos salons, il serait judicieux de se demander si cette surenchère de graphismes ou de nouveaux contrôles est réellement ce que désirent les joueurs. Après tout, on constate de plus en plus un regain d’intérêt pour ces jeux rétro datant parfois de l’âge de pierre vidéo ludique. N’est-ce pas paradoxal de préférer des jeux sortis il y a parfois plus de 20 ans à ceux pourtant en HD avec un réalisme de plus en plus poussé et des univers toujours plus dense?
Je suis moi-même un joueur à forte tendance rétro et c’est pour cela que je vais tenter de donner dans ce dossier une analyse en profondeur de ce phénomène rétro en essayant de comprendre d’où il vient et pourquoi il perdure autant. Surtout que je profite de ce dossier pour fêter quelques anniversaires : les 20 ans de Super-Metroid, les 20 ans de la Playstation, les 20 ans de FIFA, les 25 ans de la Game Boy, les 30 ans de Tetris et même les 10 ans de la Nintendo DS.
Raison numéro 1 : les joueurs vieillissent/la nostalgie.
Vous savez,
les joueurs de maintenant n’ont pas forcément entre 12 et 20 ans. Nombre
d’entre eux sont actuellement des trentenaires (tel votre serviteur) ou plus.
Ca vous étonne? Pourtant, le jeu vidéo a vraiment commencé à se populariser
dans les années 80 pour arriver à la gentille guerre entre Sega et Nintendo des
années 90. Les joueurs de l’époque ont été marqués par ces jeux qui
représentaient l’introduction de l’arcade à la maison et qui a dés lors marqué
leur enfance au fer rouge. Et c’est d’autant plus vrai que cette époque a amené
certaines des icônes les plus influentes de l’histoire du jeu vidéo : Mario, Sonic, Zelda, Donkey Kong, Golde Axe,
Kirby, Crash Bandicoot, Rayman, Resident Evil, Street Figher 2, Mortal Kombat,
Soul Calibur … Autant de jeux qui ont chacun apporté quelque chose d’important
aux jeux vidéos de l’époque comme des personnages légendaires, des intrigues
passionnantes, des graphismes incroyables ou encore une maniabilité exemplaire mais
surtout le plaisir de jouer, seul ou à plusieurs. J’insiste beaucoup sur ce dernier
point car il est à double sens et je ne veux pas dire avec ce point que l’on ne
s’amuse pas avec les jeux de maintenant mais que la vision était toute autre.
En premier, les jeux vidéo de l’époque reprenaient souvent la règle de base des
jeux d’arcade : si tu veux que le joueur mette des pièces, il faut qu’il
ait envie de voir la suite du jeu et donc qu’il reste collé au jeu. Les jeux de
l’époque savaient donc jouer sur plusieurs points (gameplay, graphismes,
action, …) pour garder le joueur. Aussi,
à l’époque il n’y avait as ou peu d’internet pour jouer à plusieurs et
l’essentiel du jeu à plusieurs se faisait en petit groupe, tout ce petit monde
bien installé face à la console partageant un ressenti immédiat et profitant au
maximum du moment. Tout ceci pour vous expliquer que les joueurs plus vieux se
souviennent avec nostalgie de cette époque et voient dans le jeu rétro un moyen
d’y retourner un peu mais aussi de pouvoir jouer aux jeux qu’ils désiraient
lors de leur sortie mais qu’ils ne pouvaient s’offrir ou se faire offrir.
Désormais, ces joueurs qui n’étaient que des enfants à l’époque peuvent sans
problème (enfin, la plupart du temps) se payer ces jeux qui, pourtant, se
monnaient parfois à prix d’or. La raison pour cette hausse de prix est multiple :
rareté du à certaines qualités ludiques du jeu, difficulté de trouver des jeux
de l’époque qui ne sont plus fabriqués depuis des années, difficile aussi de se
séparer de certaines de ses merveilles ce qui va faire encore grimper les prix.
Mais les joueurs rétro ont d’autres armes comme les émulateurs (oui, je sais,
ce n’est pas vraiment légal) ou la possibilité d’acheter ces jeux via les
boutiques virtuelles des consoles de maintenant. Que ce soit le Nintendo Store,
le XBLA ou le PSN, il y a toujours moyens de retrouver certains titres facilement
pour un prix ma foi encore raisonnable. Certes, on n’a pas le plaisir d’avoir
la cartouche ou le CD original entre les mains mais le jeu est là, prêt à être
rejoué et surtout prêt à vous redonner le même plaisir que la première fois où
vous l’avez vu. N’est-ce pas suffisant pour retrouver une petite part de notre
insouciance d’enfant?
Raison numéro 2 : Le réemploi des licences.
A votre avis, combien existe-t’il de jeux Sonic, Mario,
Rayman, Fifa, PES, Mortal Kombat , Street Fighter, Cal Of Dutty,God Of War, … Sachant que l’origine de ces licences a souvent plus de dix ans et d’au
moins deux générations de consoles mais que l’on en entend toujours parler,
comment ne pas avoir envie de savoir à quoi les épisodes précédents pouvaient
ressembler s’ils ont lancé une série qui perdure encore maintenant? Beaucoup de
joueurs finissent ainsi par avoir envie de remonter progressivement aux sources
de leurs héros vidéo ludiques et trouvent par la même d’autres titres de
l’époque. C’est comme ça que le retro gaming entre par la petite porte pour
s’installer chez les plus jeunes. Ca a l’air idiot mais c’est pourtant souvent
aussi simple que ça. C’est ce que l’on peut appeler un effet boule de neige
pixélisée. Et c’est tout aussi vrai pour les joueurs les plus anciens qui se
plaisent à comparer les jeux de maintenant avec leurs ancêtres, histoire de se
remémorer pourquoi ils continuent à être fans de ladite licence. Surtout que
les joueurs anciens vont plus que probablement d’eux-mêmes vouloir montrer à
leurs enfants à quoi leur héro de pixel ressemblait quelques années auparavant.
L’histoire fini toujours par se répéter surtout que les anniversaires de
licences connues (25 ans de Mario, 30 ans de le NES, …) bien rappelés par les
éditeurs concernés donnent encore plus de raison de découvrir ces licences y
compris les anciens épisodes.
Raison numéro 3 : Le challenge
On nous a
tellement rabâchés les oreilles (relativement à raison) sur le fait que les
jeux actuels sont bien moins durs que maintenant que certains joueurs de cette
génération décident d’aller vérifier par eux-mêmes cette affirmation. Il faut
dire qu’il est de plus en plus difficile de trouver un challenge conséquent
lorsqu’on ne peut plus vraiment mourir (Bioshock Infinite par exemple) ou que
le jeu est très linéaire. Alors oui, il y a toujours des astuces utilisées comme vous noyer d’ennemis par
endroits mais ce n’est pas la même chose. Par exemple, lorsque l’on dit d’un
jeu actuel qu’il a une durée de vie de 10 heures, ça veut surtout dire que vous
êtes quasi surs de le finir dans ces temps même en comptant quelques échecs.
Dans les jeux rétro, il faut peut-être une heure de jeu complète pour le
terminer mais avec tous les essais il en faut réellement 10 ou 15. Et c’est
bien pour ça que beaucoup de joueurs (et j’en connais, ils se reconnaîtront d’eux-mêmes)
vont jouer à ces jeux rétros pour
prouver leur valeur ou répondre à un défi. Et, comme pour la raison numéro 2,
se trouvent souvent happés dans le phénomène rétro.
Raison numéro 4 : Le passage entre générations
Quel joueur
avec plus de 10 ans de jeux derrière lui n’a plus ses consoles et ses jeux de
l’époque? Un vrai joueur garde toujours quelque chose qu’il aura envie de
passer à ses enfants telle une relique des temps anciens. Là encore, le lien
parental va agir comme démarreur d’une passion ou simplement d’un plaisir de
découverte. Surtout que certains joueurs de l’époque sont parfois un peu perdus
avec les jeux vidéos de maintenant (et j’en connais aussi) au point de défier
ses enfants aux jeux que lui connaît parfaitement. Que voulez-vous, on ne se
refait pas : les vieux ont horreur de perdre … ^_^
Raison numéro 5 : Ca arrange bien les éditeurs.
Le rétro,
c’est aussi un marché. Il ne faut pas oublier ce point car les éditeurs de
jeux, eux, ne l’ont pas oublié. C’est bien pour cela que l’on retrouve sur
toutes les boutiques en lignes XBLA,PSN ou Nintendo Store des jeux rétro. Alors
oui, le jeu original ne rapporte pas un sou aux éditeurs lorsque l’on en achète
un en occasion mais un jeu acheté sur un store en ligne va rapporter de
l’argent. C’est donc tout l’intérêt des éditeurs de proposer de retrouver de
vieilles licences ou de faire découvrir les anciens jeux de leurs licences à
succès (Final Fantasy, Mario …) à petit prix. Après tout, il s’agit très souvent
de proposer une rom liée à un émulateur compatible avec la console et donc
c’est très facile vu que la communauté de joueurs sur le net s’est déjà chargée
de récolter toutes ces roms. Souvent, on voit même arriver des compilations de
jeux retros sur nos consoles chéries (SEGA Megadrive Collection, TAITO Legends,
SNK Arcade Classics, …). Mieux, certaines sociétés s’amusent constamment à
ressortir des consoles portables (ou non) remplies de jeux rétro pour un petit
prix. Beaucoup de parents vont dès lors préférer acheter une simili PSP ou PS
VITA remplie de jeux Mégadrive pour le cinquième du prix, même si parfois c’est
par accident. Mais que dire de ces constructeurs qui proposent des consoles
basées sur des système rétros comme la Retron-5 qui peut lire les cartouches
Famicom, NES, Super-NES, Mégadrive, Game Boy et Game Boy Advance car le marché
du rétro continue à être demandeurs de ces systèmes vu qu’un vrai joueur rétro
préfèrera toujours jouer sur un système original avec la manette associée que sur
un émulateur.
Raison numéro 6 : Les jeux indépendants.
Si vous
cherchez un jeu original, vous vous tournerez très probablement vers la scène
indépendante. Et le plus marquant est qu’énormément de jeux indépendants ont un
look rétro totalement assumé. Dans un sens, c’est plus simple à faire (mais pas
toujours) mais surtout c’est un hommage à certains jeux que ces indépendants
ont voulu parfois sublimer ou utiliser comme référence. Là aussi, la limite est
très fine entre le joueur qui commence à jouer de plus en plus aux jeux
indépendants et celui qui va vouloir connaître un peu plus les jeux auquel on
fait référence ou hommage. Et si le joueur se sent des affinités avec ce monde
rétro, nul doute qu’il finira comme beaucoup d’entre nous : un fan du rétro
ou tout au moins un amateur de ces jeux.
Voilà donc
6 raisons tout à fait valables mais je suis certain qu’il y en a beaucoup
d’autres. Pour ma part, ce sont surtout les raisons 1, 3, 4 et 6 qui sont les
plus fortes. Vu que je suis un vieux joueur avec une quinzaine de consoles que
je garde comme des trésors voire des trophées avec énormément de jeux associés,
il est normal que le rétro continue à me passionner. Mais je suis surtout certain que le rétro a
encore de beaux jours devant lui car chaque nouvelle génération propulse la
génération précédente à la limite du rétro. Maintenant, chacun a son histoire
et ses raisons qui sont ou ne sont pas dans celles que j’ai expliquées dans ce
dossier. Si vous avez une autre raison,
une autre histoire, une autre logique derrière votre passion du rétro gaming,
je vous invite à laisser un petit commentaire pour en parler ensemble.
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